Forte croissance des locations de particuliers par internet

Forte croissance des locations de particuliers par internet

L’INSEE vient de publier, via un document « INSEE Analyse N° 37, février 2017 » un état des lieux pour l’année 2016 des logements touristiques des particuliers proposés sur les différentes plateformes internet.

Ces logements peuvent être des meublés de tourisme (locations de vacances), des chambres d’hôtes, ou d’autres formules de chambres chez l’habitant. Sont étudiés dans le cadre de cette enquête INSEE uniquement les hébergements loués par des particuliers à titre de compléments de revenus. Mais ces formes d’hébergement sont aussi exploitées depuis longtemps sous forme commerciale par des personnes dont c’est une véritable activité professionnelle.

Il faut tout d’abord se réjouir du fait que l’INSEE, qui observe depuis des années la fréquentation des hôtels, campings et résidences de tourisme, s’intéresse enfin à un mode d’hébergement plus diffus mais dont on pressentait depuis longtemps l’importance et surtout la croissance.

Et sans véritable surprise, la fréquentation des logements touristiques loués par des particuliers a progressé en un an de plus de 30% !

On a beaucoup parlé du phénomène Airbnb sur Paris, qui a abouti à la réglementation que l’on sait, tant le phénomène venait à devenir totalement anarchique sur le plan fiscal, mais aussi sur le plan de la qualité de l’offre proposée et des problèmes générés auprès du voisinage.

Ce que révèle aujourd’hui l’étude de l’INSEE montre en fait que la croissance sur Paris a déjà eu lieu il y a quelques années avec une offre aujourd’hui pleine, mais que c’est à son tour la province qui progresse : + 36 % de fréquentation en un an. Il est vrai que Paris progresse moins car la capitale a été fortement pénalisé en 2016 par les répercussions des attentats.
Au total en 2016, pour 76 millions de nuits passées par des voyageurs dans ce type de logements chez l’habitant, Paris a accueilli 20% de la fréquentation totale et donc la province 80%.

Contrairement à certaines idées reçues, les touristes fréquentant ce type d’hébergement sont aux deux tiers des personnes résidant en France, soit deux fois plus que la clientèle étrangère.
Aujourd’hui ce mode d’hébergement auparavant considéré comme marginal représenterait 16% du total des nuitées passées par les touristes sur notre territoire !

Du coup l’INSEE revoit à la hausse le bilan de l’année touristique 2016 qualifié de mauvais sur la base des résultats des hébergements marchands traditionnellement observés. D’une baisse estimée de 1,3% par rapport à 2015, la fréquentation, en y agglomérant la fréquentation des plateformes internet auprès des particuliers, aurait augmenté de 2,6%. Il ne faut toutefois par être dupe des manœuvres des institutions pour nous démontrer, pour la fréquentation touristique comme pour d’autres indicateurs économiques, que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Cette forme d’offre existait déjà en 2015 et avant, et si elle avait aussi été prise en compte, le résultat global de l’année 2016 aurait quand même été en baisse, ce que tous les acteurs privés du tourisme s’accordent à reconnaître.

Mais surtout, on peut s’inquiéter que cette nouvelle offre se développe au détriment des acteurs commerciaux qui affichent des difficultés liées à la fois à la conjoncture économique, à l’insécurité, à une réglementation souvent tatillonne et de plus en plus complexe, ou encore à l’émergence de nouvelles destinations à bas cout, de plus parfois soutenues financièrement par la France ou l’Europe.

Les particuliers ne sont pas soumis aux mêmes règles et la même fiscalité que leurs homologues professionnels, mais surtout ils sont beaucoup moins contrôlés. Certes les recettes générées à titre de complément de revenus par les particuliers ne sont pas très élevées pour chacun. Mais multipliées par le nombre de particuliers qui se livrent désormais à cette activité, ce sont des entreprises qui perdent leur clientèle et qui se retrouvent en grande difficulté, avec des pertes d’emploi à la clef. C’est toute l’industrie touristique traditionnelle qui est menacé par l’émergence de la « nouvelle économie ». Rappelons que le secteur du tourisme représente dans notre pays, avec 158 milliards d’euros (2015), 7,3% du P.I.B. soit plus que l’industrie automobile ou l’agroalimentaire.

C’est d’ailleurs, outre l’appât de nouvelles recettes fiscales, la raison qui a amené le gouvernement à prendre des mesures importantes en matière d’encadrement de la location meublée entre particuliers dans le cadre de diverses lois parues à l’automne dernier, et qui ont déjà fait l’objet de nombreux articles.

Analyse de Jean Pinsard (Mamaisondhotes) pour Creagîte.

Sources :

Matthieu Lenézé

Passionné par le e-tourisme et le web-marketing, Matthieu est le créateur de Creagîte.
Il cherche à recueillir pour vous toutes les informations et actualités liées aux gîtes et aux chambres d'hôte.