Peut-on se passer aujourd’hui des O.T.A. pour sa commercialisation ?

Peut-on se passer aujourd’hui des O.T.A. pour sa commercialisation ?

Le terme OTA désigne dans le jargon du tourisme les agences de voyages en ligne (Online Travel Agent) qui sont nées avec le développement du commerce sur internet. Booking, Airbnb, Hotel.com, voyages-sncf, lastminute, voyage privé…sont toutes nées avec internet et n’existent que sur internet.

A ces agences il faut rajouter les annuaires, comme Abritel / Homelidays, les moteurs de recherche (google hotel finder) et les sites d’avis de voyageurs qui proposent aujourd’hui la réservation en ligne, soit directement, soit en lien avec les agences précitées. Les labels présents dans notre secteur d’activité, Gîtes de France ou Clevacances proposent eux aussi depuis plusieurs années la réservation en ligne, même si cette solution reste une option pour leurs adhérents. Sont également nés récemment les méta moteurs, ou comparateurs de prix qui vont pour vous rechercher (en théorie) les meilleures offres des différentes O.T.A.

A coup de millions de dollars de budgets publicitaires, sur internet mais aussi sur les télévisions du monde entier, ces agences se sont peu à peu imposées dans notre manière d’organiser nos vacances, nos loisirs nos déplacements. Booking investit par exemple quotidiennement près d’un million de dollars de budget publicitaire par jour, rien que sur google ! En 2015, le tourisme est le secteur qui a dégagé le plus de chiffre d'affaires sur internet, avec un CA 18,3 milliards d'euros ou 32% du e-commerce en France !

Il y a parmi les propriétaires de gîtes et chambres d’hôtes les pro et les anti OTA. Le débat est à la fois idéologique, car les sociétés qui réalisent de juteux bénéfices sont souvent fiscalement domiciliés à l’étranger, alors même qu’elles vendent des voyages en France à des français, et que les effets de la mondialisation amènent à voir les gros poissons manger les petits, avec au final un ou deux gros opérateurs qui trusteront le marché et fixeront leur règle. Booking domine aujourd’hui le marché mondial de la réservation d’hôtels par exemple, en France il détient près de 40% de parts de marché (étude Phocuswright qui éclaire sur le marché français).

L’opposition de beaucoup de propriétaires se place également sur le plan économique, car si les touristes prennent de plus en plus l’habitude de réserver sur internet via une OTA, les propriétaires doivent verser à celle-ci une commission pouvant atteindre 20% sur chaque vente effectuée, et cela revient donc à réduire les marges, ou à augmenter les prix et donc être moins attractif.

Pour autant a-t-on le choix, face à la montée en puissance inexorable de ces acteurs surpuissants, et aux habitudes croissantes des consommateurs d’aller au plus simple, au plus rapide, au plus efficace, et dans l’esprit de certains au moins cher ? Les anti OTA vous diront que oui, avec un site internet attractif bien référencé, une bonne e-réputation, une bonne communication sur les réseaux sociaux, une clientèle fidèle et un bon emplacement touristique, ou un concept original, ils arrivent à exister sans l’aide d’intermédiaires à rémunérer. C’est tout à fait exact, saut peut-être pour ce qui est de l’acquisition de nouveaux clients internationaux. Mais pour les nouveaux, ceux qui se lancent aujourd’hui et qui n’ont pas encore un référencement efficace, une clientèle fidèle et une bonne e-réputation ? Quel est réellement le choix pour démarrer ? Sauf à être installés dans un secteur hyper touristique où la demande est supérieure à l’offre, ils n’ont d’autre alternative que d’être présents là où les nouveaux clients vont chercher à réserver. La bonne stratégie pour ceux qui se lancent semble être aujourd’hui de travailler avec les OTA pour acquérir une clientèle, une réputation, un référencement, en gardant toutefois pour la vente en direct les meilleures périodes, celles où ils n’auront pas de mal à remplir.
Tout en ayant à l’esprit qu’il ne doit s’agir que d’une aide au démarrage, et à l’acquisition de nouveaux clients aux périodes difficiles, sous peine de devenir totalement dépendants des OTA et donc de perdre leur liberté commerciale, ainsi qu’une part importante de leurs revenus.

Matthieu Lenézé

Passionné par le e-tourisme et le web-marketing, Matthieu est le créateur de Creagîte.
Il cherche à recueillir pour vous toutes les informations et actualités liées aux gîtes et aux chambres d'hôte.